Information
Chalon : objectif 50 000 habitants
Publié le
" Conforter le rayonnement de Chalon en accroissant sa population ".
Objectif Chalon : Pour quelles raisons peut-on affirmer que Chalon est dimensionnée pour 50 000 habitants ?
Gilles Platret : Tout simplement parce que notre ville en comptait un peu plus de 58 000 au milieu des années 1970. Comme beaucoup d’autres, elle a autrefois subi un phénomène de rurbanisation qui consistait pour une partie des urbains à s’installer dans les première et deuxième couronnes. Depuis, Chalon est restée dimensionnée pour une population plus grande. Elle a un niveau d’équipements qui lui permet d’accueillir 50 000 habitants sans aucune difficulté. Nous n’en sommes pas si loin puisque nous comptabilisons 45 000 habitants sur la population municipale. Nous observons un frémissement positif depuis plusieurs années, un certain nombre de personnes ont tendance à vouloir revenir sur la ville, que ce soit pour offrir à leur famille une proximité de services, d’équipements, d’associations, de clubs, de propositions de loisirs ou pour passer une retraite agréable dans un cadre de vie privilégié. Nous pouvons accentuer cette tendance par un certain nombre de mesures concrètes. L’enjeu majeur, c’est de conforter le rayonnement de Chalon en accroissant sa population.
"Un certain nombre de personnes ont tendance à vouloir revenir sur la ville".
Objectif Chalon : Comment générer ce surcroît de population ?
Gilles Platret : D’abord, nous continuons de changer le visage de la ville. La rénovation des berges de Saône est un atout incontestable qui renforce l’attractivité et améliore le cadre de vie des Chalonnais. C’est aussi une volonté de dire à ceux qui ne sont pas encore Chalonnais de venir dans cette ville qui redevient elle-même. Ce que nous voulons, c’est en effet recoller à la Saône et tirer parti de la présence de cette rivière à laquelle la ville a un peu tourné le dos dans le passé. De nombreux aménagements sont aussi réalisés dans tous les quartiers, concourant à l’amélioration du cadre de vie. Tous les projets réalisés à la demande des habitants via le dispositif À vous d’inventer la ville (article à consulter), notamment la création d’aire de jeux pour les enfants, traduisent parfaitement cette volonté d’accueillir les familles. L’aménagement de la ville est un levier de bien-être à la fois pour la population existante et pour celle de demain.
Objectif Chalon : En Bourgogne et Franche-Comté, Chalon est en concurrence avec d'autres territoires. Comment le nôtre se différencie-t-il ?
Gilles Platret : Il est en train de tirer son épingle du jeu. Chalon est une ville d’équilibre, elle irradie sur un territoire sans être sous la coupe d’une métropole. Une ville forte avec une population qui augmente, c’est un argument supplémentaire pour renforcer les structures qui rayonnent bien au-delà du périmètre communal. Prenons l’exemple très concret de l’hôpital. Comme nous nous y sommes engagés devant les Chalonnais en 2020, nous accompagnerons financièrement les investissements sur l’angioplastie et la coronarographie qui profiteront évidemment aux Chalonnais, mais également à tout un bassin de vie qui dépasse très largement Chalon. J’ai exprimé dès 2014 cette ambition de vouloir accueillir de nouveaux habitants à mes collègues maires du Grand Chalon. L’agglomération doit continuer de croître et, de son côté, la ville-centre doit être confortée. Je note d’ailleurs que tous les conseils municipaux sans exception ont voté favorablement pour le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) qui comprenait le volet habitat de la Ville de Chalon. La ville-centre est confortée puisque ses services, ses rôles et ses équipements, qui ne sont pas tous communautaires, profitent à toute l’agglomération. L’intérêt bien compris de tout le monde, c’est de travailler ensemble.
Objectif Chalon : Pour que les gens manifestent l’envie de s’installer à Chalon, il faut avant tout de l’emploi. À ce titre, que peut offrir le tissu économique de Chalon ?
Gilles Platret : Par le développement économique, une population nouvelle va venir s’installer à Chalon. Notre position géographique le favorise idéalement. Le carrefour des axes nord-sud et est-ouest, c’est Chalon. La route Centre-Europe Atlantique rencontre l’Autoroute du Soleil à Chalon. La Saône et le canal du Centre créent du flux et notre réseau ferroviaire est de qualité, avec une gare dans la ville, qui va bientôt renforcer son accessibilité et une grande ligne TGV à 20 minutes de la ville. Tout cela forme un nœud extraordinaire dont Chalon est vraiment le centre. Nous rencontrons des succès économiques : bravo à l’agglomération qui fait un superbe travail dans ce domaine.
" Par le développement économique, une population nouvelle va venir s’installer à Chalon "
Ça donne des perspectives qui se comptent en centaines, voire en milliers d’emplois nouveaux à court et moyen termes. Il y a la création d’entreprises nouvelles mais il y a aussi la croissance endogène des entreprises existantes. Framatome par exemple, ce sont des centaines d'emplois supplémentaires dans les années à venir. J’ai vraiment le sentiment que nous sommes en ce moment en train de tourner la page de la disparition de Kodak ; elle avait été très bien négociée sur le plan social mais des centaines de personnes avaient quitté Chalon. Avec un taux de chômage très bas sur l’agglomération, nous regagnons cette position de leader économique sur toute la Saône-et- Loire, et même au-delà. Aujourd’hui, un grand nombre d’entreprises sont en recherche de personnel dans le petit commerce, l’industrie et dans certains autres secteurs économiques donc très honnêtement, nous sommes déjà attractifs sur le marché de l’emploi.
Objectif Chalon : L’accroissement de la population doit aller de pair avec l’attractivité résidentielle. Quelles sont les politiques menées par la Ville sur ce sujet déterminant ?
Gilles Platret : La Ville doit en effet se mettre en ordre de marche pour proposer une offre de solutions locatives et d’accession à la propriété. Il y a d’abord la question de la rénovation d’habitats existants. Les politiques menées par le Grand Chalon et appuyées financièrement par la Ville, notamment sur la rénovation énergétique, y contribuent. C’est d’autant plus important au regard de la flambée des prix de l’énergie. En parallèle, il est nécessaire de mener une politique favorisant la création de logements neufs. Le premier projet sur lequel j’ai eu à travailler était celui de l’ancien centre gérontologique du quai Sainte-Marie, anciennement propriété de l’hôpital de Chalon, qui donne pleinement satisfaction aux personnes qui sont venues s’y installer. Le Grand Chalon a poussé un projet sur Saint-Cosme, à côté de l’Abattoir, qui est aussi une réussite. En centre-ville, les travaux de l’ancien évêché cédé par le CCAS seront livrés cette année et nous aurons bientôt un grand projet sur l’île Saint-Laurent où la déconstruction des bâtiments modernes de l’ancien hôpital a dégagé un foncier qui permettra d’accueillir environ 150 logements.
"L’un des arguments majeurs lorsqu’on souhaite s’installer à Chalon, c’est l’esprit de convivialité des Chalonnais".
"Nous avons une démarche d’adaptation de la ville au changement climatique".
Objectif Chalon : Sur la question du foncier justement, d'autres espaces sont-ils aménageables ?
Gilles Platret : Nous travaillons sur d’autres opportunités en choisissant ce qui est immédiatement aménageable et sans surdensifier, car nous sommes respectueux du cadre de vie. Nous avons une démarche d’adaptation de la ville au changement climatique qui amène à ne pas tout bétonner. Il y a des quartiers en reconversion. Le Stade et Fontaine-au-Loup par exemple étaient beaucoup plus bâtis hier. Sur des terrains déjà imperméabilisés, ces quartiers offrent des opportunités de reconversion qui sont absolument extraordinaires pour notre ville.
"En centre-ville, les travaux de l’ancien évêché cédé par le CCAS seront livrés cette année".
Objectif Chalon : L’une des clefs de l’accroissement, c’est aussi de proposer un parc immobilier pour tous les revenus…
Gilles Platret : Chalon n’est pas et ne sera jamais une réserve pour une catégorie socio-professionnelle en particulier, c’est une ville pour absolument tout le monde. Et cela se traduit notamment par l’offre d’habitat. Notre parc social reste important, il est même très au-delà du minimum légal. Et nous avons du logement privé dont les prix demeurent raisonnables. Nous conservons cette volonté que Chalon soit une ville de taille moyenne où les catégories socio-économiques vivent ensemble et se retrouvent sur de nombreux événements. C’est une ambition démocratique qui me tient à cœur. L’un des arguments majeurs lorsqu’on souhaite s’installer à Chalon, c’est l’esprit de convivialité des Chalonnais. Ici, nous accueillons les nouveaux arrivants dans la simplicité. Ils sont immédiatement intégrés à la ville et peuvent nouer des relations très rapidement.
Objectif Chalon : Pour toutes celles et ceux qui vivent déjà à Chalon et qui apprécient la quiétude offerte par une ville moyenne, à taille humaine, que va changer l’accroissement de la population ?
Gilles Platret : Ça ne bouleversera pas le quotidien des Chalonnais car nous pouvons accueillir 5 000 habitants supplémentaires sans rencontrer de difficultés avec les structures existantes. Nous avons un niveau de services et d’équipements qui est dimensionné facilement pour 50 000 personnes mais qui est aujourd’hui financé par moins. Accroître la population, c’est partager la charge et la répartir plus équitablement, tout simplement.
" Accroître la population, c’est partager la charge et la répartir plus équitablement "
Accroître la population, c’est partager la charge et la répartir plus équitablement, tout simplement. C’est tout l’enjeu de la ville- entre. Il existe en outre un effet de cliquet mécanique puisque l’État et d’autres collectivités accompagnent davantage les communes dès lors qu’elles dépassent 50 000 habitants. Ce n’est pas l’enjeu financier qui nous motive en premier lieu, mais ce n’est pas à négliger, surtout dans un contexte où nos budgets sont serrés. Passer le cap des 50 000, c’est aussi se donner un peu plus d’air sur le plan financier.
Objectif Chalon : L’équipe municipale que vous menez s’attache à développer et renforcer l’attractivité touristique de Chalon. Le soin que nous mettons à accueillir les visiteurs de notre ville profite-t-il nécessairement au cadre de vie de tous les Chalonnais ?
Gilles Platret : Les deux sont étroitement liés. Je suis convaincu en étant président de l’Office de Tourisme depuis 2014 qu’on ne s’invente pas une vocation touristique, on cultive celle qu'on a. Je suis très circonspect quant à ces projets qui sortent de terre sans aucun lien avec leur territoire. À Chalon et dans le Chalonnais, nous n’avons pas besoin de nous inventer une histoire. Elle est là, à fleur de Saône, à fleur de coteaux, à fleur de rues. Il s’agit simplement de mettre en valeur les atouts légués par les siècles passés. La requalification des quais de Saône, la restauration du cloître Saint-Vincent, les travaux que nous allons engager sur la cathédrale, l’implantation du futur musée de la photo dans les bâtiments de l’ancien hôpital sur l’île Saint-Laurent… tout cela concourt à exploiter, au sens le plus noble du terme, un patrimoine déjà existant. Nos axes de développement sont la Saône, l’image, l’oenotourisme car Chalon est la capitale du vignoble de la Côte chalonnaise, sans oublier le cyclotourisme, notamment avec tout le travail de création de voies cyclables mené par le Grand Chalon avec la Ville. Lorsque nous travaillons pour bien accueillir, nous travaillons pour le cadre de vie, donc nous rendons la ville plus attractive pour ceux qui y vivent comme ceux qui désirent s’y installer.
"Lorsque nous travaillons pour bien accueillir, nous travaillons pour le cadre de vie".
"Nous avons un niveau de services et d’équipements qui est dimensionné facilement pour 50 000 personnes".
Objectif Chalon : Chalon a retrouvé une dynamique commerciale forte avec l’implantation de nouvelles boutiques chaque mois. De nouveaux commerçants, c’est également de nouveaux habitants ?
Gilles Platret : Il y a un effet d’entraînement entre nouveaux habitants et nouveaux commerçants. Ce qui est certain, c’est que nous n’avons pas connu un taux de vacance commerciale aussi bas depuis 20 ans. Dans le respect de la liberté d’entreprise, nous essayons de trouver un équilibre afin que les zones commerciales ne soient pas en hyper concurrence avec le centre-ville. Je n’oppose pas les deux, il y a des vocations que chacun doit cultiver. Plus nous aurons d’habitants à Chalon, plus nous aurons de commerçants et de clients potentiels dans leurs boutiques.
Objectif Chalon : Les résultats de ses clubs, la qualité de ses équipements, ses nombreux pratiquants font de Chalon une ville où le sport occupe une place de choix. Cette identité a également de quoi attirer des gens de l’extérieur ?
Gilles Platret : Assurément et d’ailleurs, la dynamique des clubs nous amène à réfléchir à des équipements supplémentaires. Il y a une belle croissance des clubs et du nombre de licenciés ! Notre label « Ville active et sportive » n’a pas été usurpé. Il se joue aussi par l’accueil d’événements, nous travaillons donc pour le retour du Tour de France qui fait partie des grands rendez-vous contribuant au rayonnement. Avoir des équipements sportifs pensés à la fois pour la compétition et pour une pratique loisir, c’est un excellent facteur d’attractivité.
Objectif Chalon : Parmi tous les atouts de Chalon, il y en a un que personne d’autre ne possède, à savoir celui d’être la Ville de l’image, la cité où est né l’inventeur de la photographie. Comment capitaliser sur cette plus-value ?
Gilles Platret : Nous sommes effectivement la ville berceau de la photographie, dans un monde qui est devenu un monde d’images. L’invention de Niépce nous a progressivement fait basculer dans une nouvelle civilisation qui, sans bannir l’écrit, place l’image au cœur de la connaissance. Nous désirons créer un nouveau musée de la photographie qui fera appel à l'histoire de la photographie et à la création contemporaine, tout en explorant les techniques nouvelles de l’image, pour rendre ce lieu attractif pour toutes les générations. C’est la réflexion que nous menons et notre volonté est de nous saisir du site absolument extraordinaire de l’île Saint-Laurent et de son ancien hôpital. Beaucoup de villes ont une rivière mais toutes les villes n’ont pas d’île, c’est un cadre incroyable pour ce futur musée. Ce projet est un levier extraordinaire de rayonnement pour la ville. Extraordinaire. C’est un travail qui sera mené sur plusieurs années. Il existe d’importants projets touristiques alentours et des structurations en cours, Chalon ne peut pas passer à côté. Nous avons besoin d’une locomotive touristique, ce futur musée de la photographie et de l’image doit le devenir. Nous voulons qu’il soit la référence de la photographie à l’échelle de la France et au-delà, c’est bien pour ça que nous y travaillons avec l’État. Son enjeu est éminemment chalonnais mais son rayonnement sera national et international.