Carnaval 100e du nom
Carnaval sera plus que jamais l’événement incontournable du début d’année à Chalon. Du 21 février au 1er mars, les Chalonnais et de nombreux visiteurs seront conviés à se réunir pour fêter cette 100e édition préparée depuis des mois par le Comité des fêtes et ses bénévoles passionnés.
Sous les pluies de confettis, mêlez-vous aux grandes Cavalcades en compagnie de Gôniots survoltés, chantez sur le rythme des fanfares rythmées et applaudissez les figurants truculents juchés sur des chars démesurés. Sans oublier tous les grands rendez-vous qui font le caractère de Carnaval, l’anniversaire du centenaire devrait rester dans les mémoires.
Dossier
Dimanche 10 février 1907
Autour de la halle aux grains, les rires résonnent tandis que des confettis multicolores tourbillonnent dans le vent d’hiver. Quelques minutes plus tôt, un bal destiné aux enfants a officiellement lancé une grande salve de festivités. Il est convenu qu’elles durent trois jours. Après quelques tentatives plus ou moins timides initiées par des organisations isolées, un Comité fraîchement constitué est à la tête de ce nouvel événement ambitieux. Retraite illuminée, grande cavalcade, bal costumé… le succès est immédiat. Les archives de l’époque relatent des milliers de Chalonnais dans les rues et la présence de plus de 10 000 visiteurs venus faire la fête sur les bords de Saône.
Le Carnaval de Chalon est né !
Depuis, alors que l’hiver se rendort, Carnaval est reconnu comme une célébration de l’avènement du printemps, un temps fort qui voit le pouls de la ville et de ses habitants s’accélérer. Plus d’un siècle après cette grande première, il s’est même imposé comme l’un des cinq plus grands carnavals de France, tout en gagnant une très belle réputation internationale. À ce titre, joie et fierté domineront lorsque sera officiellement lancée cette édition du centenaire. Mais pourquoi « seulement » 100 éditions, alors même que l’événement existe depuis plus longtemps ? Il faut savoir qu’au gré des tourments de l’Histoire, Carnaval a parfois du s’éclipser temporairement, notamment pendant les deux guerres mondiales. Mais après chaque coup d’arrêt, il est revenu plus grand, plus beau, plus festif encore. S’il a évolué avec le temps, il s’organise toujours autour de temps forts incontournables.
Et ce n’est pas cette 100e édition, préparée depuis des mois par les bénévoles du Comité des fêtes, qui dérogera à la règle.
Carnaval 2020
Vendredi 21 février, lorsque le maire de Chalon remettra, non sans quelques craintes, les clés de la ville au roi Cabache et à ses Gôniots, fête, convivialité et partage seront les règles d’or de ces dix jours pas comme les autres.
Parce qu’on n’a pas tous les jours 100 ans, la soirée d’ouverture donnera le ton de cette édition 2020.
Au relais des chars illuminés qui défileront aux alentours du parvis de l’hôtel de ville, deux compagnies vous emmèneront déambuler en centre ville. Pendant que le ciel chalonnais se couvrira de formes oniriques, d’autres personnages hauts en couleur vous feront voir la vie en rose sur la terre ferme.
Samedi 22 février, le temps de deux parades inoubliables au Colisée, le spectacle musical et chorégraphique du Carnaband’s Show fera monter l’ambiance encore d’un cran.
Ils ont coché la date du 23 février dans leur agenda depuis des mois, si ce n’est plus !
« Ils », ce sont les Gôniots, ces personnages facétieux typiquement chalonnais. Dimanche, en début d’après-midi, ils seront des centaines à déferler dans les rues pour grossir les rangs d’un premier défilé qui s’annonce à la hauteur de ce centième anniversaire.
Chars aux dimensions hors normes, grosses têtes joviales, acrobates et formations musicales venues des quatre coins du monde compléteront ce cortège qui progressera joyeusement dans les artères principales de Chalon. Vêtus de vos plus beaux costumes et déguisements, venez vous mêler à cette procession enjouée et bigarrée.
Quel destin pour le vieux carnaval ?
Ce premier week-end à peine refermé, les festivités continueront de plus belle : thé dansant, bal costumé des enfants, charivari ou encore nuit du Carnaval rythmeront la seconde semaine.
Sans oublier la fête foraine, sans laquelle Carnaval ne serait pas tout à fait Carnaval. Attractions à sensations fortes, manèges pour les plus petits, pêche aux canards, auto-tamponneuses et confiseries aux formes généreuses vous attendent sur le boulevard de la République, place de Beaune, place Mathias et place du Collège.
Puisque toutes les meilleures choses ont une fin, le dimanche 1er mars sera la journée d’un triomphe, celui de Sa Majesté Carnaval.
À cette occasion, la cavalcade internationale sera plus grande, plus colorée, plus bruyante que jamais.
Au terme du défilé, la place de l’Hôtel-de-Ville accueillera le rondo final puis l’audience du casio qui jugera le vieux Carnaval. Ce dernier, à qui l’on devrait encore attribuer tous les maux subis par les habitants au cours de l’année écoulée, écoutera la sentence prononcée à son égard un peu plus tard dans la soirée, sur le pont Saint-Laurent.
Sans vouloir se substituer à la justice, il y a fort à parier que la sentence lui soit une fois encore défavorable et qu’il finisse dévoré par les flammes puis jeté dans la Saône. C’est alors que le feu d’artifice de clôture détonera au-dessus des têtes de tous les carnavaliers.
Pendant plusieurs minutes, comètes, chandelles et belles bleues s’embraseront avant que le bouquet final ne referme cette parenthèse carnavalesque. Et, déjà, il sera temps de rêver à la 101e édition…
Le Carnaval de Chalon dans l'histoire
Parmi les très nombreuses anecdotes que ce vénérable centenaire de Carnaval pourrait conter, quelques dates en particulier ont durablement marqué l’événement chalonnais.
1906
Entre 1900 et 1905, de petites cavalcades sont organisées dans les rues de Chalon. Ces défilés, qui bénéficient d’un budget très restreint, ne comptent que quelques chars.
En début d’année 1906, un comité provisoire de Chalonnais s’organise pour imaginer un Carnaval plus structuré qui, hélas, sera gâché par une météo exécrable.
Le 6 décembre 1906 est constitué le Comité des fêtes, dont la dénomination exacte est « Comité permanent chalonnais des Fêtes de bienfaisance du Commerce et de l’Industrie ».
L’entrepreneur Léon Prost en est nommé président. En quelques semaines seulement, les bénévoles de cette nouvelle entité se mobilisent pour offrir à Chalon la grande fête qu’elle mérite.
Le 10 février 1907 débute le 1er Carnaval chalonnais de l’ère moderne.
1910
C’est la naissance officielle des Gôniots, ces joyeux drilles qui font encore aujourd’hui l’unicité du Carnaval de Chalon. Après avoir préparé pendant de longs mois et dans le plus grand secret leurs chars et costumes, ils débarquent par centaines dans les rues de la ville et laissent libre cours à leur fantaisie. Les Gôniots ont un souverain : le roi Cabache.
Inspirateur des mauvais jeux de mots, du dérisoire et du non-sens, il habite avec Moutelle, sa tendre épouse, sur l’île du Moutiau, au milieu de la Saône.
Chaque année, pour toute la durée du Carnaval, le Maire de Chalon lui remet les clés de la Ville.
La devise des Gôniots ?
« Honneur et Peuterie » !
1946
Ceux qui ont participé aux festivités cette année-là évoquent l’un des plus beaux carnavals chalonnais. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, après cinq années d’interruption liées au conflit, la vie reprend ses droits et Carnaval représente le symbole d’une joie retrouvée.
Techniquement en revanche, il faut s’adapter aux stigmates de la guerre.
Le pont Saint-Laurent ayant été détruit par les Allemands, le cortège du défilé doit emprunter la passerelle provisoire érigée quelques mois plus tôt.
1957
Jusqu’à présent organisé sur une période de trois jours, du dimanche au Mardi Gras, le Carnaval passe à une semaine. Devenu un événement régional voire national, il espace ses festivités afin d’attirer toujours plus de spectateurs et de touristes. En ce sens, une cavalcade supplémentaire est ajoutée le second dimanche.
Le cortège, de plus en plus garni, oblige les organisateurs à simplifier et raccourcir l’itinéraire.
En effet, le gigantisme de certains chars rend les plus petites rues impraticables et c’est donc dans les artères plus larges du centre-ville que le roi Carnaval se fraye un chemin.
1991
La Guerre du Golfe, qui a pris une ampleur internationale quelques semaines plus tôt, incite les organisateurs à annuler cette édition.
Cette décision de dernière minute divise : certains trouvent indécents l’idée même de faire la fête pendant un conflit armé où la France est engagée, d’autres évoquent les maintiens de Carnaval pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie pour manifester leur incompréhension.
La résolution rapide du conflit permet néanmoins de maintenir plusieurs incontournables telles la fête foraine et l’élection des reines.
1998
Entre 1968 et 1997, pour pallier à quelques difficultés financières et afin d’amortir le coût important des festivités, le Comité des fêtes doit se résoudre à faire payer l’entrée au Carnaval.
Au cours de cette période, d’autres ajustements sont opérés. L’événement ne se déroule plus forcément durant la semaine du Mardi Gras et l’exécution du vieux Carnaval, historiquement organisée le mardi, est avancée au dimanche. Grâce à ces évolutions, le Carnaval (re)trouve son rythme de croisière et pour le plus grand plaisir de tous, il redevient totalement gratuit lors de l’édition 1998.
Pas de carnaval sans Reine
En amont des festivités, l’élection d’une Majesté est une tradition qui perdure sans s’essouffler.
Succès populaire indéniable dès sa première édition en 1907, le Carnaval de Chalon étoffe son contenu dès l’année suivante en initiant l’élection d’une « Reine des ateliers chalonnais ». Le Comité décide que l’heureuse élue doit être choisie parmi différents corps de métier afin de susciter une émulation au sein des ateliers et des magasins. Les métiers en lice sont nombreux : couturière, modiste, confectionneuse en casquettes et chapeaux, ouvrière en robe, lingère, blanchisseuse… En 1909 puis en 1913, les employées de commerce et les manufacturières rejoignent le concours.
En pratique, chaque corporation a pour mission d’élire sa reine avant que le comité ne désigne, par tirage au sort, la « Reine des Reines ». Également surnommées « Reines du travail », ces femmes ne sont pas à l’époque évoquées comme des reines de beauté.
Elles ont valeur d’exemple tant sur le plan professionnel que moral et, à ce titre, les candidates font l’objet d’un rapport de moralité commandité par le président du Comité des fêtes.
Il faut attendre les années 1960 pour voir disparaître la mention de la profession des candidates qui deviennent à cette occasion les reines de quartier que nous connaissons aujourd’hui.
Chaque année, plusieurs jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans résidant à Chalon ou dans l’une des communes de l’agglomération participent à l’élection de la Reine du Carnaval au cours d’une grande soirée dédiée à cet événement.
Le 30 novembre dernier, elles étaient onze à se présenter devant le jury du Comité des fêtes et les nombreux spectateurs présents à la salle Marcel-Sembat. Au terme du spectacle, Sydney Roussel, représentante des Prés Saint-Jean, est devenue Reine du 100e Carnaval. Manon Joseph et Océane Chanussot sont ses vice-reines. Dans quelques semaines, les trois heureuses élues et toutes les participantes auront le privilège de parader lors des deux défilés du Carnaval.
Leur belle aventure continuera puisque tout au long de l’année, les Majestés et les dauphines seront conviées à représenter la Ville de Chalon lors de nombreux événements.